jeudi 20 mars 2008

Mes valeurs sûres

En ce moment, je retourne dans ma période "classique" avec ces tubes indémodables, indispensables...incontournables! Je vous fais partager dans ce post mes interprétations favorites.

La Complainte de la Butte (combien de fois n'ai-je chanté cette chanson? Sublime, tout simplement) nb: version Bruel ici, pour le coup j'aime bien son interprétation avec Francis Cabrel



La Bohême (alàlà, Montmartre et le Moulin Rouge...)


Mon amant de la Saint-Jean (l'original évidemment, je trouve l'interprétation de Bruel fade...)



Ne me quitte pas (magnifique interprète...)

mercredi 19 mars 2008

Barbara(s)

Göttingen


Plus jamais je ne rentrerai en scène.

Je ne chanterai jamais plus.

Plus jamais ces heures passées dans la loge à souligner l'œil et à dessiner les lèvres avec toute cette scintillance de poudre et de lumière, en s'obligeant avec le pinceau à la lenteur, la lenteur de se faire belle pour vous.

Plus jamais revêtir le strass, le pailleté du velours noir.

Plus jamais cette attente dans les coulisses, le cœur à se rompre.

Plus jamais le rideau qui s'ouvre, plus jamais le pied posé dans la lumière sur la note de cymbale éclatée.

Plus jamais descendre vers vous, venir à vous pour enfin nous retrouver.

Un soir de 1993, au Châtelet, mon cœur, trop lourd de tant d'émotion, a brusquement battu trop vite et trop fort, et,durant l'interminable espace de quelques secondes où personne, j'en suis sûre, ne s'est aperçu de rien, mon corps a refusé d'obéir à un cerveau qui d'ailleurs, ne commandait plus rien.

J'ai gardé, rivée en moi, cette panique fulgurante pendant laquelle je suis restée figée, affolée, perdue.

J'ai dû interrompre le spectacle pendant quelque temps, puis définitivement.

Je suis quand même partie en tournée, deux mois après; je raconterai ce que fut cette tournée, du premier jour au dernier soir.

Ensuite j'ai regagné Précy avec un manque immense, et, durant deux ans, j'ai fait le deuil d'une partie de ma vie qui venait brusquement de se terminer.

Écrire, aujourd 'hui, est un moyen de continuer le dialogue.

Pourquoi ai-je accepté, pour la première fois, de parler d'un avant ? Parce que je suis la seule à pouvoir le faire!

Je vais donc essayer, même si le temps déforme les images qui deviennent floues ou, au contraire, trop précises,

trop joyeusement ou douloureusement exactes.

J'ai beaucoup de travail qui m'attend, mais c'est un travail que j' aime, je ne vais pas m'en plaindre.

Il est six heures du matin, j'ai soixante-sept ans, j'adore ma maison, je vais bien. De la pièce où j' écris, je vois le jardin; les premières roses sont apparues et la glycine blanche dégouline dans le patio.

Toute une vie souterraine prend ses racines, là-bas, dans les eaux dormantes qui exhalent d'âcres senteurs de soufre.

J'ai appris à connaître tous les menus bruits, les différentes senteurs de la terre à chaque heure du jour. Seule une lumière féline, mouvante, me surprend parfois. Tout mon sang bat au rythme profond qui monte du sol. Une si grande paix se dégage de cet endroit qu'il me paraît souvent injuste et douloureux que l’univers entier ne la partage pas. Une paix intérieure que me procure le fait d’avoir pu m’octroyer pour le reste de mes jours ce « tout petit morceau de France », comme on dit.

Précy, 27 avril 1997

J'ai découvert Barbara en classe de 2nde, par le biais de ce texte, extrait de son autobiographie. Je l'ai trouvé poignant, magnifique, sublime. Au point qu'il m'ait marqué jusqu'à aujourd'hui, 4 ans après l'avoir lu, j'en ressens encore l'intensité. Ses textes sont magnifiques, sa voix admirable, à écouter pour savoir ce qu'est vraiment chanter. (Certains devraient en prendre de la graine...xD)
Barbara (de son vrai nom Monique Serf, 1930-1997) , figure parmi les grands noms de la chanson française : auteur-compositeur-interprète, elle a débuté à la fin des années cinquante au Cabaret de l’Ecluse, à Paris, pour rapidement devenir l’une des représentantes les plus connues de la chanson « à texte ». « La longue dame brune », comme elle se définissait elle-même, toujours vêtue de noir, se produisait généralement sur scène accompagnée de très peu d’instruments. Au moment de sa mort, fin 1997, elle était en train d’écrire Il était un piano noir, dont j'ai retranscris la première page ci-dessus.

Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous (Céline Dion peut aller se rhabiller avec son "Je ne vous oublie pas" XD)


Un autre écrit qui m'ait marqué (stylistiquement parlant) est un poème de Jacques Prévert lu en 3ème intitulé
Rappelle-toi Barbara. La sonorité et le rythme des phrases m'apaisent et en même temps m'emportent loin, très loin, dans son imaginaire.

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant

Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.


Jacques Prévert, "Paroles", Gallimard, 1946

Dis, quand reviendras-tu? une de mes interprétations favorites, émouvante, vibrante. L'intro m'a rappelé l'accompagnement de pièces de théâtre moderne.

jeudi 6 mars 2008

Nouveautés...


Lust, Caution (Amour, Luxure, Trahison) :
arrgh sulfureux très spécial, personnellement je suis sortie de là mitigée. Conquise certes par la mise en scène, le rythme, les acteurs, les décors, la musique mais déçue...par l'histoire notamment, le dénouement, les sentiments. Enfin bref, je me demande à quoi l'histoire a servi, sinon à montrer deux personnes jouant à un amour "maso" lol, qui fait mal (aussi bien moralement que physiquement..ouille) genre "je t'aime moi non plus". Enfin bref, ce n'est pas l'idée qu'on se fait en général de l'amour...lol Je ne m'attendais pas vraiment à cela, mais la fin est en effet certainement plus "réaliste" ainsi...
Cependant, rien à dire niveau réalisation. Les costumes sont magnifiques, les décors réalistes, l'ambiance parfaite... Pour les friands de ce genre de performance, voyez les films de Wong Kar-Wai, je pense notamment à In the Mood For Love. Un chef d'oeuvre...





Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street :
Superbe! :D Je suis conquise par le film, l'histoire, les acteurs, les chansons, la musique, la mise en scène...TOUT! Johnny Depp et Tim Burton se montrent toujours aussi excellents, sans oublier cette chère Helena Bonham Carter qui fait une fois de plus preuve de son talent! Autant Sleepy Hollow ne m'avait pas trop plu et Charlie et la chocolaterie m'avait laissée sur ma faim (!), autant ce film (sur lequel je partais avec un peu d'appréhension) m'a agréablement surprise. A voir et à revoir, ne serait-ce que pour le talent de ce cher Johnny ! ^^








Arizona Dream : Je l'ai vu récemment et il m'a bien plu. D'ailleurs, à la lumière de ce film, j'ai mieux compris Promets-moi, autre film de Kusturica. Fondamentalement opposés, Arizona Dream, critique de l'American Dream lol, tend à représenter le réel tel quel tandis que Promets-moi, par les exagérations sur les couleurs [criardes], les personnages, la mise en scène, tend à représenter un "conte de fées" ...qui n'en est pas un. J'adore le "happy end" à la fin, au milieu de tout le tohut-bohut, entre les barricades improvisées autour de la chapelle et les truands qui se tirent dessus...mdr. Tordant...xD
Arizona Dream est le contraire de tout cela, le réel prime sur le loufoque mais les deux films n'en sont pas moins tous les deux de différentes manières des critiques à la culture américaine (le rêve américain et les contes de fées à la Walt Disney). Johnny y est tout aussi parfait (et très jeune à l'époque!) Ce gars-là (pardonnez ma familiarité ^^) ne joue pas ses rôles, il EST ses rôles. Fascinant...


La Vie des Autres (titre original : Das Leben der Anderen ! ^^) :
J'en avais beaucoup entendu parler, surtout par ma prof d'allemand de Terminale, mais je n'étais pas tentée plus que cela, genre "encore un énième film sur la séparation Est/Ouest de l'Allemagne". Il faut avouer qu'il y en a pas mal... Mais bon là je me suis laissée piéger lol, envoûter, surtout vers la fin. Cela m'a paru un peu trop facile qu'il (l'écrivain) ne soit pas pris (même sans preuves, après tout on sait de quoi ils étaient capables), ni le "héros" enfin l'observateur. Juste relayé au sous-sol pour coller des enveloppes...Cependant, les émotions qui se dégagent de ce film sont intenses et "font vraies". L'interprétation des deux personnages principaux est à saluer. J'ai bien aimé la fin, ça me faisait penser d'ailleurs à L'Ami retrouvé de Fred Uhlman (dans le bouquin comme dans l'adaptation ciné). Finalement, tout au long du film, on se demande qui est "cet homme bon" de la "Sonate pour Homme bon" que lui offre son ami au début. On ne le comprend réellement qu'à la fin. C'est émouvant, intelligent...un film à voir quoi.^^ lol
Résumé de l'histoire sur allociné + bande annonce en VOST

samedi 1 mars 2008

Promets-moi...

En lisant un titre pareil, on croirait presque à un nouveau roman de Marc Lévy ou le nouveau Guillaume Musso. Mais non, il s'agit d'un film indépendant serbe. Que diantre vient-il nous embêter avec un tel film à l'eau de rose?! C'est là que vous faites erreur. Si le titre laisse présager une "soppy story", ce n'est pas vraiment le cas. Je m'explique.

L'histoire débute à la campagne où Tsane vit avec son grand-père. Celui-ci se sentant mourir, décide d'envoyer Tsane en ville pour vendre sa vache, acheter une icône et...se trouver une femme. Exposé comme ça, on sentirait plus le roman d'initiation à la Paulo Coehlo. En gros, un jeune homme (ou un garçon l'acteur faisant vraiment très jeune) doit trouver sa voie. En fait, c'est beaucoup plus simple que cela, pas besoin de chercher midi à quatorze heures. Le jeune Tsane va arriver en ville, découvrir les filles, les bordels accompagné de deux grands durs plus ou moins ridicules xD, faire la connaissance de Jasna, découvrir que la mère de celle-ci est aux prises de truands pour qui elle est obligée de se prostituer et apprendre que ceux-ci destinent maintenant le même sort à Jasna. Le scénario pourrait paraître grave, tragique, mais il n'en est rien dans le film. Tout est satire, "loufoquerie". Gros plans démesurés, prises de vue, dialogues, jeu des acteurs et même bande sonore, tout concourt à rendre un style décalé. Si ça peut paraître ridicule au début, on se prend vite au jeu. Mais qui peut avoir pondu un tel film?

Ne cherchez pas. Il a dirigé Johnny Depp autrefois dans un film. Et ses films sont plutôt connus. Et oui, il s'agit d'Emir Kusturica, réalisateur de Dolly Bell (sélection officielle de Venise - Lion d'or 1981), Papa est en voyage d'affaires (Palme d'or au festival de Cannes 1984), le Temps des Gitans (prix de la mise en scène au festival de Cannes 1989), Arizona Dream (Ours d'argent prix spécial du jury à Berlin en 1983), Underground (Palme d'or au festival de Cannes 1995), Chat noir Chat blanc (sélection officielle à Venise Lion d'argent 1998) et enfin la Vie est un Miracle (festival de Cannes sélection officielle 2004 et élu meilleur film de l'Union Européenne)...! (et Promets-moi est en compétition à la sélection officielle du festival de Cannes!) Un tel palmarès ne peut laisser indifférent. Il est bon de voir que le cinéma indépendant a encore de beaux jours devant lui, notamment grâce à la reconnaissance du public. Promets-moi certes ne remplit pas beaucoup de salles et il est même très rarement diffusé dans les salles de cinéma. J'ai d'ailleurs dû moi-même le dénicher dans un petit cinéma où il n'y avait que deux personnes dans la salle. Misère...Mais la reconnaissance à de tels festivals rend un peu d'espoir.

Ainsi je conseille à tous de le voir, peut-être pas au cinéma pour maintenant mais guettez sa diffusion sur ARTE dans un an ou deux! Il est bon de voir des films décalés, tellement peu formels par rapport avec ce qu'on a l'habitude de voir. Mais cela ne fait que renforcer notre esprit critique et le recul par rapport au talent, à la "beauté" cinématographique, au "style". Et encore, ce n'est pas le plus surprenant! Voyez Lars Von Trier avec Dancer in the Dark et Dogville ou Fatih Akin avec Gegen die Wand (pardon, Head-On) et vous verrez ce à quoi peut ressembler du vrai cinéma d'auteur. Quand on voit ça, on se dit que le cinéma n'a en fait pas de limites de créativité ni d'imagination, ce sont juste les normes et les conventions qui le brident ou plutôt NOUS brident. Bien sûr, il est autorisé de ne pas aimer, d'ailleurs personnellement, je les ai vus une fois et cela me suffit, tellement le souvenir dont j'en ai est encore vivace. Ah oui encore une chose sur ces films: quand vous en verrez un, vous ne l'oublierez pas de sitôt. Ce sont de ces films "bizarres" qui marquent nos esprits et nous hantent. Ils nous permettent aussi à chaque fois de comparer et relativiser nos jugements. Après eux, vous ne verrez plus le cinéma de la même façon. Peut-être même lanceront-ils des vocations, qui sait ?

Bande Annonce VOST

Plus d'infos sur ce film

derniers chiffres des Ch'tis

...Phénoménal! Voilà comment pourrait-on décrire en un mot l'accueil réservé au dernier film de Dany Boon, sorti mercredi 27 février sur les écrans nationaux. Il a comptabilisé ce premier jour d'ouverture 558 359 entrées sur toute la France. Ainsi, le soir même de sa première journée d'exploitation nationale, le film avait déjà atteint le million d'entrées! ...puisqu'il faut rajouter les 500 000 spectateurs du Nord-Pas-de-Calais qui avait pu en bénéficier en avant-première la semaine précédente. En tout cas, il s'agit du meilleur démarrage de tous les temps pour un film français sur la première journée ! Chez Pathé, on n'hésite pas à évoquer la barre des 5 millions d'entrées au total. A titre de comparaison, le dernier Astérix en est à un peu plus de 5,4 millions d'entrées...

Le film amène beaucoup de monde dans les salles obscures et même certaines personnes qui n'y étaient plus habituées, comme une arrière-grand-mère de 93 ans! xD Dany réconcilie toutes les classes d'âge et apparemment les régions aussi ! Paris, Lyon, Rennes, Marseille, le film reçoit un chaleureux accueil et est même applaudit dans de nombreuses salles ^^ Le générique de fin est par ailleurs suivi jusqu'au bout (il contient des "scènes bêtisiers"). Néanmoins, la seule différence notable avec le Nord-Pas-de-Calais est la réaction face aux gags. Lorsque Kad prononce "Beurgues" (dites beurk tant que vous y êtes!) au lieu de Bergues, aucune réaction. Lorsqu'un vieux ch'ti vient parler de ses soucis de quinzaine, aucune réaction non plus. Ou plutôt si. Comme s'ils étaient en train de regarder un film chinois en mandarin sans sous-titres...(croyez-moi j'ai déjà fait l'expérience...XD)...Bon bref, chacun son truc quoi.

$N'empêche qu'une vague "ch'timi" est en train de se propager partout en France, spécialement après les séances. Les "Salut tchiote biloute" ou "vindedjou y drache rudemin ch'matin" commencent à fuser ici et là. Pour rire bien entendu. Ce n'est bien sûr pas une culture très raffinée et nombre d'"intellectuels" peuvent targuer tant qu'ils voudront que Dany n'a fait que remplacer les "mauvais" clichés par de "bons" clichés; il n'en reste pas moins que c'est un film très attachant. Evidemment que tous les nordistes ne parlent pas ch'ti et encore heureux! D'ailleurs, c'est plutôt l'inverse. Ce film est plus une occasion de renouer avec ses racines d'antan que de faire une description objective (et triste car uniforme et presque commune avec le reste de la France) de la situation actuelle. Avec le film, le ch'ti semble renaître!

Phénomène de mode à l'instar des Visiteurs (qui restent tout de même cultes!) ou véritable cure de jouvence? Rendez-vous dans un ou deux mois pour le savoir! On vous dira quoi, hein!